Message 4/* Méditations du vieil homme du radeau de la Méduse

"De la dernière marche de l'escabeau, je dépasse d'une tête le personnage peint tout en haut sur la toile, un homme noir qui agite un linge.
Le vasistas résiste. Je tire de plus en plus fort sur le loquet rouillé. Hélas ! Mon élan me fait basculer vers l'arrière et mes mains agrippent par réflexe la surface la plus proche. Trois fois hélas, c'est le tableau. Avant de perdre connaissance, je vois le regard d'un des naufragés peints, le vieil homme retenant un cadavre sur ses genoux, et j'y rencontre le désespoir qui m'étreint." (page 12)



A quoi penses-tu, vieil homme ?
On t'a souvent désigné comme "le père".
On a dit que, perdu dans ta tristesse, 
éperdu de douleur,
tu retenais contre toi le corps de ton fils,
indifférent aux espoirs de tes compagnons.
C'est toi qui aurais dû mourir, n'est-ce pas ?
Si tu avais pu, 
tu aurais donné ta vie pour ton fils...
Il est mort dans tes bras.
Tu lui as dit : "N'aie pas peur, endors-toi contre moi."
Tu lui as parlé de la maison où il est né, du grand laurier 
et des pruniers du jardin, du chemin de sable qui glissait 
au pied du coteau... 
Tu lui as murmuré que le radeau allait toucher l'Afrique, 
que la vie serait belle au Sénégal. 
Tu as enlevé de tes yeux ta souffrance et ta peur, 
pour que son dernier regard sur toi 
plonge dans un océan d'amour.
(HMB)




Dans le roman (pages 98 et 99), 
Pierre Guérin rend visite à Théodore Géricault.
Il semble apprécier Le Radeau de la Méduse, mais signale au peintre que le personnage du vieil homme paraît emprunté 
aux deux tableaux suivants.
Antoine Gros (1771-1835), Bonaparte visitant les Pestiférés de Jaffa, 1804, 5.32m x 7.20m, musée du Louvre

Baron Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833), Le Retour de Marcus Sextus, 1799, 2.17m x 2.43m, musée du Louvre
Q6 / Etes-vous du même avis que Guérin ? 

En quoi ces personnages se ressemblent-ils ?


(Répondez par des croquis.)




Dans une note ajoutée lors d’une réédition,  Alexandre Corréard décrit le tableau de Géricault. A propos du « vieillard tenant sur ses genoux le cadavre de son fils expiré », Corréard précise : « Cet épisode est des plus touchants ; il fait honneur à l’imagination de M. Géricault. »
Dans le récit de Corréard, nous n’avons trouvé qu’une mention d’un « père » :

« Au milieu de ces horreurs, une scène attendrissante de piété filiale vint nous arracher des larmes : deux jeunes gens relèvent et reconnaissent leur père dans un infortuné sans connaissance étendu sous les pieds des hommes ; ils le crurent d’abord privé de la vie, et leur désespoir se signala par les regrets les plus touchants. On s’aperçut néanmoins que ce corps presque inanimé respirait encore ; on lui prodigua tous les secours qui étaient en notre pouvoir. Il revint peu à peu et fut rendu à la vie et aux vœux de ses fils qui le tenaient étroitement embrassé. »
(Extraits de Relation complète du naufrage de la frégate La Méduse, 1968, Jean de Bonnot, Editeur.)


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